Tel
est le titre d'un nouveau journal qui se publie à Bruxelles, dans le format des
grands journaux, sous la direction de MM. Malibran et Roselli, noms qui sont à
la fois un programme et une recommandation pour la spécialité de cette feuille.
Ce n'est pas comme organe des arts que nous avons à l'apprécier ; sur ce
point, nous nous en référons à de plus compétents que nous et qui le jugent à
la hauteur de son titre. En effet, il ne saurait être confondu avec ces
feuilles légères qui, sous l'enseigne de la littérature, donnent à leurs
lecteurs plus de facéties que de fond, et souvent plus de blancs que de texte.
Le Monde musical est un journal sérieux, où toutes les questions de son
programme sont traitées d'une manière substantielle et par des mains habiles.
Cette considération n'est pas sans importance pour nous.
Ce
journal est un premier pas de la presse indépendante dans la voie du
Spiritisme. Sans se poser en organe et en propagateur de la doctrine, il s'est
fait ce raisonnement judicieux :
« Vrai
ou faux, le Spiritisme a pris rang parmi les faits d'actualités qui préoccupent
l'opinion. Les orages qu'il soulève dans un certain monde prouvent qu'il n'est
pas sans importance ; sa propagation, malgré les attaques du clergé,
prouve que ce n'est pas un feu de paille ; déjà, par le nombre de ses
adhérents, il devient une puissance avec laquelle il faudra tôt ou tard
compter. Si c'est une erreur, elle tombera d'elle-même ; si c'est une
vérité, c'est inévitablement une révolution dans les idées, et rien ne pourrait
s'y opposer. Dans l'une et l'autre de ces deux alternatives, nous devons, à
titre de renseignement, tenir nos lecteurs au courant de l'état de la question.
Parler de cela ou d'autre chose, mieux vaut, selon nous, traiter ce sujet
qu'étaler la chronique scandaleuse des coulisses ou des salons.
Pour
mettre nos lecteurs à même de juger en connaissance de cause, nous emprunterons
la plupart de nos citations aux écrits qui font foi parmi les adeptes de cette
doctrine ; mais, comme nous ne devons ni ne voulons forcer l'opinion de
personne, ni pour ni contre, nous admettrons la controverse lorsqu'elle ne
s'écartera pas des bornes d'une discussion convenable et honnête. En nous
maintenant sur le terrain de l'impartialité, chacun reste libre de ses
convictions. Les opinions favorables ou contraires qui pourraient être
formulées dans certains articles doivent être considérées comme des opinions
personnelles aux auteurs desdits articles, et qui n'engagent en rien la responsabilité
du journal. »
Tel
est le résumé du programme qui nous a été présenté, et auquel nous ne pouvons
qu'applaudir. Il serait à désirer que cet exemple eût des imitateurs dans la
presse ; ce que nous reprochons à celle-ci, ce n'est pas la discussion de
nos principes, mais la critique aveugle et systématiquement malveillante qui en
parle sans les connaître, et les dénature d'une façon peu loyale. Les journaux
qui entreront franchement dans cette voie, loin d'y perdre, ne pourront qu'y
gagner matériellement, car les Spirites forment aujourd'hui une masse de
lecteurs de plus en plus prépondérante, et dont la sympathie se portera
naturellement de leur côté.
Sous
ce rapport, le Monde musical mérite leurs encouragements.
Nota.
‑ Le Monde musical paraît tous les dimanches, depuis le 1er octobre 1864. Prix
de l'abonnement : 4 francs par an pour la Belgique ; 10 francs pour
la France. On peut s'abonner à partir du 1er de chaque mois ; à Bruxelles,
au bureau du journal, rue de l'Ecuyer, n° 18 ; à Paris, à l'agence du
journal, rue de Buffaut, 9.
Une
société est formée pour l'exploitation de ce journal, au capital de
60 000 fr. divisé en 2400 actions de 25 fr. chacune.