Nous
avons dit qu'un des groupes spirites d'Anvers possède un médium typtologue doué
d'une faculté spéciale. Voici en quoi elle consiste.
L'indication
des lettres se fait au moyen des coups frappés par le pied d'un guéridon, mais
avec une rapidité qui atteint presque celle de l'écriture, et telle que ceux
qui les inscrivent ont parfois de la peine à suivre ; les coups se
succèdent comme ceux du télégraphe électrique en action. Vous avons vu faire
une dictée de vingt lignes en moins de quinze minutes. Mais ce qui est surtout
particulier, c'est que l'Esprit dicte presque toujours à rebours en commençant
par la dernière lettre. Le médium obtient par le même moyen des réponses à des
questions mentales, et dans des langues qui lui sont étrangères. Ce médium est
aussi psychographe, et, dans ce cas, il écrit également à rebours avec la même
facilité. La première fois que le phénomène s'est produit, les assistants, ne
trouvant aucun sens aux lettres recueillies, crurent à une mystification ;
ce n'est qu'après une observation attentive qu'ils découvrirent le système
employé par l'Esprit. Ce n'est sans doute qu'une fantaisie de la part de ce
dernier, mais comme toutes ses communications sont très sérieuses, il en faut
conclure qu'il y a dans le fait une intention sérieuse.
Indépendamment
de la rapidité avec laquelle les coups se succèdent, la manière de procéder
abrège encore de beaucoup l'opération. On se sert d'un guéridon à trois
pieds ; l'alphabet est divisé en trois séries : la 1re de a à h, la
2e de i à p, la 3e de q à z. Chaque pied du guéridon correspond à une série de
lettres, et frappe le nombre de coups nécessaires pour désigner la lettre
voulue en commençant par la première de la série ; de sorte que pour
indiquer le t, par exemple, au lieu de 20 coups, le pied chargé de la 3e série
n'en frappe que 4. Trois personnes se placent au guéridon, une pour chaque pied
énonçant la lettre indiquée dans sa série qui est pour elle un petit alphabet,
sans qu'elle ait à se préoccuper des autres. Plusieurs personnes inscrivent les
lettres à mesure qu'elles sont appelées, afin de pouvoir contrôler en cas
d'erreur. L'habitude de lire à rebours leur permet souvent de deviner la fin
d'un mot ou d'une phrase commencée, comme on le fait par le procédé
ordinaire ; l'Esprit confirme s'il y a lieu la supposition, et passe
outre.
Cette
division des lettres, jointe à la coopération de trois personnes qui ne peuvent
s'entendre, à la rapidité du mouvement, et à l'indication des lettres en sens
inverse, rend la fraude matériellement impossible, ainsi que la reproduction de
la pensée individuelle. Le mot reproduction, par exemple, sera donc écrit de
cette manière : noitcudorper, et aura été épelé par trois personnes
différentes en quelques secondes, savoir : noi par la 2e, t par la
3e ; c par la 1re ; u par la 3e ; d par la 1re ; o par la
2e ; r par la 3e ; p par la 2e ; e par la 1re ; r par la
3e.
De
tous les appareils imaginés pour constater l'indépendance de la pensée du
médium, il n'en est aucun qui vaille ce procédé. Il est vrai qu'il faut pour
cela l'influence d'un médium spécial, car les deux personnes qui l'assistent ne
sont pour rien dans la rapidité du mouvement.
Ce
procédé n'a en définitive d'utilité réelle que pour la conviction de certaines
personnes, et comme constatation d'un phénomène médianimique remarquable, car
rien ne peut suppléer à la facilité des communications écrites.