LE LIVRE DES MEDIUMS OU GUIDE DES MEDIUMS ET DES EVOCATEURS

Allan Kardec

Retour au menu
41. Système du muscle craqueur. S'il en était ainsi pour la vue, il ne saurait en être de même pour l'ouïe, et quand des coups frappés sont entendus par toute une assemblée, on ne peut raisonnablement les attribuer à une illusion. Nous écartons, bien entendu, toute idée de fraude, et nous supposons qu'une observation attentive a constaté qu'ils ne sont dus à aucune cause fortuite ou matérielle.

Il est vrai qu'un savant médecin en a donné une explication péremptoire, selon lui *. «La cause en est, dit-il, dans les contractions volontaires ou involontaires du tendon du muscle court-péronier». Il entre à ce sujet dans les détails anatomiques les plus complets pour démontrer par quel mécanisme ce tendon peut produire ces bruits, imiter les batteries du tambour et même exécuter des airs rythmés ; d'où il conclut que ceux qui croient entendre frapper des coups dans une table sont dupes ou d'une mystification, ou d'une illusion. Le fait n'est pas nouveau en lui-même ; malheureusement pour l'auteur de cette prétendue découverte, sa théorie ne peut rendre raison de tous les cas. Disons d'abord que ceux qui jouissent de la singulière faculté de faire craquer à volonté leur muscle court-péronier, ou tout autre, et de jouer des airs par ce moyen, sont des sujets exceptionnels ; tandis que celle de faire frapper les tables est très commune, et que ceux qui possèdent celle-ci ne jouissent pas tous, à beaucoup près, de la première. En second lieu, le savant docteur a oublié d'expliquer comment le craquement musculaire d'une personne immobile et isolée de la table peut y produire des vibrations sensibles au toucher ; comment ce bruit peut se répercuter à la volonté des assistants dans les différentes parties de la table, dans les autres meubles, contre les murs, au plafond, etc. ; comment, enfin, l'action de ce muscle peut s'étendre à une table qu'on ne touche pas, et la faire mouvoir. Cette explication, du reste, si c'en était une, n'infirmerait que le phénomène des coups frappés, mais ne peut concerner tous les autres modes de communications. Concluons-en qu'il a jugé sans avoir vu, ou sans avoir tout vu et bien vu. Il est toujours regrettable que des hommes de science se hâtent de donner sur ce qu'ils ne connaissent pas des explications que les faits peuvent démentir. Leur savoir même devrait les rendre d'autant plus circonspects dans leurs jugements, qu'il recule pour eux les bornes de l'inconnu.

_________________________________________________
* M. Jobert (de Lamballe). Pour être juste il faut dire que cette découverte est due à M. Schiff : M. Jobert en a développé les conséquences devant l'Académie de médecins pour donner le coup de massue aux Esprits frappeurs. On en trouvera tous les détails dans la Revue Spirite du mois de juin 1859.

Articles connexes

Voir articles connexes