Allégorie de Lazare, Méd. M. Alfred DidierChrist aimait un homme nommé Lazare, et lorsqu'il apprit sa mort, sa
douleur fut grande, et il se fit conduire auprès de son tombeau. La sœur
de Lazare suppliait le Seigneur et lui disait : « Est-il possible que
vous puissiez rendre la vie à mon frère ? O vous, qui l'aimiez tant,
rendez-lui la vie !
Monde du dix-neuvième siècle, tu es mort
aussi ; la foi, qui est la vie des peuples, s'éteint de jour en jour ;
en vain quelques croyants ont voulu te réveiller dans ton agonie : il
est trop tard ; Lazare est mort ; Dieu seul peut le sauver.
Christ se fit donc conduire au tombeau ; on souleva la pierre du
sépulcre, le cadavre entouré de bandelettes se présenta dans toute
l'horreur de la mort. Christ jeta un regard vers le ciel, prit la main
de la sœur et levant son autre main vers le ciel il s'écria : « Lazare,
relève-toi ! » et malgré les bandelettes, malgré son linceul, Lazare se
réveilla et se leva.
O monde ! tu ressembles à Lazare, rien ne
peut te redonner la vie ; ton matérialisme, tes turpitudes, ton
scepticisme sont autant de bandelettes qui entourent ton cadavre, et tu
sens mauvais, car tu es mort depuis longtemps. Quel est celui qui te
criera comme à Lazare : au nom de Dieu, Relevez-vous ? C'est le Christ
qui obéit à l'appel de l'Esprit-Saint. Siècle, la voix de Dieu s'est
fait entendre ! es-tu plus pourri que Lazare ?
Lamennais.